Témoignages couples mixtes

vendredi 5 décembre 2008

Comment la violence peut naitre de l'amour

Est-ce que les gens (hommes..) qui ont du mal à se laisser aimer peuvent devenir agressifs envers leur «aimé» lorsqu'ils tombent amoureux ?
La réponse est assez complexe mais, si je pense au 2e mari de ma mère, qui a été amoureux d'elle dès qu'il l'a connue (17 ans environ) et l'a attendue jusqu'à ce qu'elle se sépare de mon père pour pouvoir enfin être avec elle (33 ans), qui a été très violent verbalement et physiquement avec ma mère, je pense que j'ai des réponses à cette question !

J'aimerais cependant mentionner que la violence peut être autant masculine que féminine et peut aller de la «simple» agressivité à la violence sous toutes ses formes.

Que ce soient des mots ou des gestes, la violence peut être omniprésente dans un couple sans même, éventuellement, que celui-ci ne s'en aperçoive. Je pense notamment au fait que l'un veuille contrôler l'autre souvent, par des «ne fais pas ci, fais ça comme ça, je t'avais dit ça et tu ne l'as pas fait, etc.».

L'agressivité dans les paroles courantes entre les gens (je pense, par exemple, à la façon que les Français ont de se parler sur un ton très direct) est une forme de violence.
A la base, la personne qui sera violente avec l'être aimé est dépendante affective. Elle a toujours besoin de savoir que l'autre lui appartient, n'est qu'à elle, pour elle, etc. La personne «aimée» doit répondre aux besoins de la personne «aimante» pour être «aimée». En l'occurrence, il y a là une relation de dominant-dominé.

Je mets les mots entre guillemets parce que ce genre d'amour n'est pas vraiment de l'amour. Dans le fond, il y a de l'amour mais il n'est pas vécu sainement puisque l'amour, c'est respecter l'intégrité de l'être et la liberté de chacun tout en vivant une relation ouverte et saine avec l'être aimé (la relation idéale, on s'entend !).
De plus, l'«aimant» qui est dépendant affectif ne peut se laisser aimer sainement et simplement car il ne sait souvent pas ce que c'est. Il n'a peut-être pas reçu l'amour et la tendresse nécessaires dans son jeune âge pour les expérimenter en tant qu'adulte. Aussi, il n'a peut-être pas le coeur ouvert à l'amour car il a été blessé en voulant aimer ou/et être aimé et a refermé son coeur.

Vouloir aimer un coeur fermé, c'est tout un défi ! Cependant, c'est avec de l'Amour sain et inconditionnel qu'on arrive à démontrer au coeur fermé qu'il peut s'ouvrir et que ce n'est pas dangereux... mais cela prend de la patience, beaucoup d'ouverture du coeur, une grande confiance en soi et en l'autre et, surtout, ne pas se laisser dominer ni essayer de dominer.
Donc, l'«aimant» est dépendant affectif et, de ce fait, il fait porter à l'«aimé» la responsabilité de son bonheur puisqu'il n'est pas capable d'être heureux seul. On se souvient que la clé du bonheur est d'être capable d'être heureux avec soi-même pour pouvoir ensuite le partager avec une personne qui l'a aussi découvert et, ainsi, qu'ils puissent partager leur bonheur ensemble, d'une façon égale.

Mon beau-père a été amoureux de ma mère jusqu'à sa mort (à ses dires). Alors, pourquoi était-il si contrôlant au point d'être violent verbalement et physiquement avec elle ?
Dans ce cas, pour prendre un exemple concret, je dirais que celui-ci était profondément dépendant affectif. Il pensait, en se mariant avec ma mère, que celle-ci allait lui apporter son bonheur en la servant comme une bonne, notamment, et en répondant à toutes ses demandes.
Naturellement, mon beau-père était très jaloux et possessif, les symptômes de la dépendance affective.
«La jalousie est souvent considérée d'emblée comme une émotion malsaine. En réalité, il s'agit d'une émotion au même titre que les autres, ni saine ni malsaine en soi. Sa fonction est la même que celle des autres émotions: nous renseigner sur nos besoins. Ce qui pose un problème dans le cas de la jalousie, comme avec certaines autres émotions, ce sont plutôt les conduites morbides et dangereuses qui en découlent souvent. » Suite de l'article

Mon beau-père n'était pas conscient de ses besoins aussi ses actes, envers ma mère, l'ont amené à être violent envers elle car elle ne répondait pas à toutes ses demandes pour combler ses besoins. Comment essayer de combler les besoins de quelqu'un qui ne les connaît pas lui-même ?! Chaque être a ses propres besoins et ce n'est pas au conjoint de les deviner mais à soi de les lui exprimer (il y a encore la façon de les exprimer qui entre en ligne de compte, différents moyens pour parler à l'autre sans le blesser tout en nommant clairement ses besoins).
«Ce n'est pas le fait d'être dépendantes qui maintient les personnes dites "dépendantes affectives" dans des relations peu nourrissantes et débouchant sur des impasses. C'est le fait de "faire porter la responsabilité" de leur satisfaction et de leur évolution psychique aux autres. En d'autres mots, elles désirent être aimées, acquérir une valeur, avoir le droit d'être elles-mêmes, mais sans assumer l'existence de ces besoins. Au contraire, elles les dissimulent en espérant que l'autre leur procure ce qu'elles recherchent. »

Ceci dit, ma mère ne répondait pas à toutes les demandes de son mari, ce qui mettait celui-ci en colère souvent, l'amenant à créer une chicane qui pouvait dégénérer en violence physique.
Les manifestations de violence envers l'être «aimé» peuvent commencer de façon sournoise. En l'occurrence, mon beau-père était tout gentil avec ma mère jusqu'à ce qu'ils se marient. Une fois qu'il a eu ce qu'il voulait, il a commencé à être «lui-même» et à exiger des choses, souvent anodines et même niaiseuses, qui lui donnaient des excuses pour être violent. Au début, par les mots puis, par la suite, physiquement.

Ma mère, de son côté, était une personne un peu «bonnasse», bonne vivante, dynamique, gentille et qui n'aimait pas les chicanes. Elle essayait toujours de ne pas contrer son mari, de ne pas le provoquer mais cela donnait encore plus de munitions à mon beau-père, cela le provoquait d'autant plus car il n'avait pas la «réponse» qu'il voulait.
Cette réponse aurait pu être de deux manières :
1. que ma mère réponde à ses demandes sans discuter.

2. que ma mère lui tienne tête.

En l'occurrence, ma mère ne répondait souvent pas à ses demandes et essayait de se défiler, ce qui mettait son mari encore plus en colère et le rendait violent.
Quand ma mère tenait tête à son mari, elle ne tenait pas jusqu'au bout, elle n'avait pas assez confiance en elle pour se tenir debout malgré tout et finissait pas plier devant lui ou se défilait, ce qui ramenait son mari dans la violence.

Ces temps-ci, je suis en train de lire un livre, La poussière du temps, de Michel David, où une femme du style de ma mère épouse un homme du style de mon beau-père. Je ne suis pas rendue assez loin pour vous dire comment elle va s'en sortir. Je vous laisse le découvrir vous aussi si vous en avez envie ! Ce livre raconte la vie de familles québécoises dans les années 1940.
En conclusion, je dirais que, oui, un être «aimant» peut être violent car il ne s'aime pas, en premier lieu et, donc, ne sait pas aimer, au sens sain du terme.

par Alice (02/01/2007)

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